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MALI : Agriculture et pastoralisme

 

La vocation agricole du pays est indéniable. Le secteur rural occupe une place importante dans l’économie malienne, employant près de 80% de la population active (dont 75% des travailleurs actifs dans l'agriculture sont des agro-éleveurs, 10% d’éleveurs exclusifs, 9% d’agriculteurs exclusifs et 3,6% de pêcheurs) et contribuant pour plus de 60% aux recettes d'exportation. La majeure partie des ruraux (hommes et femmes) s’adonnent à l’exploitation forestière durant la longue période de saison sèche (RGA-2004). En prix constants, la croissance du secteur rural a atteint en moyenne 10%, avec de fortes variations annuelles dues aux variations climatiques, aux maladies animales, à des facteurs externes (cours mondiaux du coton, de l’or et des combustibles) et aux événements sociaux et politiques.

Agriculture

Globalement, la part de l'agriculture augmente alors que celles des autres activités du secteur primaire diminuent. Les cultures industrielles sont dominées par le coton, qui est le moteur économique des régions du Sud. Le riz tient une place importante dans la production et la consommation nationales de céréales (représentant environ 19% de la production et couvrant 76% de la demande). À l’exception du riz, la production végétale se compose principalement de cultures vivrières pluviales où prédominent les céréales de base (mil, sorgho, maïs) destinées à la consommation humaine.

La production et le rendement agricole varient sensiblement d’une année sur l’autre, à cause des conditions climatiques très changeantes. Les observations sur les 30 dernières années montrent une augmentation des températures, une diminution globale des précipitations, un décalage du calendrier saisonnier, et une nette progression de la désertification. On observe également un accroissement des  événements climatiques extrêmes, telles que les sécheresses et les inondations. La variabilité du climat et le changement climatique aggravent les pressions anthropiques sur les terres, l'eau et les autres ressources naturelles.

L’agriculture parvient  aujourd’hui tout juste à nourrir une population de 14,5 millions d’habitants, qui pourrait atteindre 24 millions d’ici 2025. Cette projection laisse entrevoir de graves problèmes de nutrition et d’insécurité alimentaire si la situation ne s’améliore pas. Moins de 10 % des terres sont pourtant cultivées, mais les paysans doivent faire face au désert qui avance chaque année. Il recouvre plus de 60 % du territoire national. La zone subdésertique est elle estimée à près de 27 % du pays.

Les cultures vivrières occupent 80 % des agriculteurs et représentent 17 % des revenus agricoles, principalement cultivées aux abords du fleuve Niger entre Bamako et Mopti, et dans les régions méridionales du pays (Sikasso). Le riz est utilisé comme culture alternative pour faire « la soudure » entre les récoltes, mais sa production demande cependant d’importantes réalisations de systèmes d’irrigation. Le riz de production malienne est parvenu récemment à se montrer compétitif vis-à-vis du riz importé, pénalisé par les taxes d’importation.

Pour anticiper l’explosion démographique et les risques d’insécurité alimentaire, le gouvernement a lancé depuis déjà 10 ans un programme national de compétitivité et de diversification agricole (PCDA) qui prévoit la valorisation des filières agricoles porteuses et l’élimination des contraintes qui empêchent leurs exportations. Le programme prévoit également de faciliter l’accès au financement et au développement d’infrastructures, et  de développer l’accès à des technologies chargées d’améliorer « la productivité, et les revenus des exploitants ». En d’autres mots, l’introduction d’OGM et l’emploi massif de fertilisants, que les Associations de défense des paysans du Mali dénoncent et combattent avec difficulté face à un lobbying industriel très efficace.

Les cultures d’exportation concernent surtout le coton et l’arachide. L’arachide se cultive surtout dans les régions de Ségou et de Mopti, au centre du pays. La culture du coton, vouée quasi exclusivement à l’exportation, se concentre dans les régions méridionales du pays, représente une part importante dans les exportations nationales. La filière, qui emploie près de 3 millions de petits exploitants encadrés par un opérateur national unique - la  Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT)- a connu une crise de gestion grave en 2009-2010, alors qu’elle devait en parallèle faire face à une compétition mondiale acharnée, notamment avec la Chine et le Brésil. L’Etat malien et les partenaires sociaux de la filière envisagent donc pour sauver l’or blanc de privatiser la CMDT pour se battre face aux géants américains et européens qui font chuter les cours mondiaux à coup de subventions massives.

L'élevage

L'élevage est la principale activité économique des populations des régions semi-désertiques du Nord, dont les conditions environnementales ne permettent pas la culture de céréales. C’est une activité essentielle conduite historiquement par les peuples nomades Maures et Peuls, et qui a façonnée la répartition démographique depuis des millénaires au Mali. L’élevage assure 80 % des revenus des populations rurales vivant dans les systèmes pastoraux et 18 % dans les systèmes agro-pastoraux. Il contribue à hauteur de 10 % au PIB, et constitue -après l’or et le coton- la troisième ressource d’exportation du pays, exclusivement vers les pays voisins.

Au centre du Mali, et particulièrement dans la région de Mopti, où les précipitations sont irrégulières, la population exerce des activités économiques diversifiées ayant trait à l’agriculture et à l’élevage. Les vastes plaines de savanes herbacées sont particulièrement favorables à l’élevage, même si le changement climatique a considérablement impacté la zone depuis 40 ans. Chaque année, la sécheresse menace le cheptel qui s’amaigrit d’année en année. Les éleveurs se sont aujourd’hui de plus en plus sédentarisés et diversifiés dans la pêche et l’agriculture, ajoutant un stress supplémentaire à la compétition des ressources naturelles et l’accès aux terres arables. Cynisme du cycle de l’écosystème, l’élevage contribue lui-même à l’avancée de la désertification, car les animaux se nourrissent de jeunes pousses, empêchant le reboisement.

Le cheptel bovin est le plus important d’Afrique occidentale. Le nombre d’ovins caprins s’élève à 13,2 millions de têtes. Le reste du troupeau est composé d’espèces asiniennes, de camélidés (dromadaires), d’espèces équines et de porcins. En dehors de la filière « viande rouge », l’élevage débouche sur le développement dérivé d’autres activités comme le lait, les cuirs et les peaux, même si la production du lait reste insuffisante car le pays doit en importer pour 15 à 20 milliards de FCFA chaque année.

La pêche

La présence de grands fleuves (Niger, Sénégal) et du delta intérieur du Niger favorise le développement de la pêche. Plus de 180 espèces de poissons d’eau douce sont recensées, malgré la disparition d’une centaine ces 20 dernières années en raison de la surpêche, de la pollution des eaux et de la baisse pluviométrique qui assèche les cours d’eaux. Cette activité, largement pratiquée sous une forme artisanale, emploie plus de 100 000 personnes et permet la production d’un million de tonnes de poisson par an, essentiellement. 20 % de la production sous forme  séchée est exporté vers les pays côtiers de la région, Côte d’Ivoire et Ghana.
Sources
*Agrobusiness et développement agricole. Quels enjeux pour quelles perspectives? Le cas de la zone Office du Niger et Mali - Florence Brondeau
*PROMISAM - Les grandes réussites du secteur agricole malien : Regard sur les 30 dernières années
*ODHD PNUD - Effets économiques et financiers de la crise politique et sécuritaire 2012 au Mali : analyse de la situation et énoncé de mesures conservatoires
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