GROENLAND : Economie
Le PIB du Groenland s'élève à un peu plus de 2 milliards de dollars. Le taux de croissance est de 1,60% et le taux de chômage atteint un peu plus de 9,4%. Il est aussi estimé que 9% de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté. Malgré son récent statut d’autonomie renforcée, le Groenland se trouve dans une forte situation de dépendance économique vis-à-vis du Danemark qui assure, avec les subventions de l'Union Européenne et des États-Unis plus de la moitié du budget de l'État. Il faut tout de même nuancer le soutien financier du Danemark puisque sa contribution annuelle de 500 millions d’euros représente moins de 1% de son budget national (voir chapitre enjeux actuels).
Dans le statut actuel d’autonomie renforcée, le gouvernement groenlandais est responsable de l'administration centrale (l'éducation, la santé, les pêcheries, l'environnement...) sous la direction d'un Premier ministre. Mais certains domaines relèvent toujours de l'autorité danoise : la justice et la police, la défense et la sécurité nationale, les secteurs financiers et monétaires, le droit civil (famille et succession) et les affaires étrangères.
Le Groenland, de par sa géographie et son climat, ne peut pas compter sur une grande diversification des secteurs de développement économiques.
Il en compte aujourd’hui 4 principaux.
La pêche
L'économie groenlandaise est fortement tributaire de la pêche, qui représente 90% des exportations du pays et 25% du PIB. 88% de la production est destiné à l’export, principalement les Etats-Unis, le marché asiatique, la Russie et l’Europe. La pêche s’est développée intensivement dans les années 1970, les Inuits étant auparavant surtout des chasseurs de mammifères marins pendant des centaines d'années. Les gouvernements successifs ont développé deux types de pêche.
D’abord la pêche industrielle, dominée par la société d'État Royal Greenland et la compagnie privée Polar Seafood, se focalise en eaux profondes sur la crevette et le flétan qui a supplanté la morue péchée intensivement durant trois siècles. La flotte compte 300 chalutiers de petite taille et 25 grands chalutiers enregistrés sous pavillons norvégiens, chinois et groenlandais. Ensuite la pêche côtière qui fournit la grande majorité des activités et des ressources de subsistance pour les villageois répartis sur la côte ouest. Pour cette raison de subsistance, les autorités sont soucieuses de protéger « la pêche côtière» et les 5000 petites embarcations qui contribuent à 15% de la production totale.
les ressources naturelles
Les minerais : En reculant, l'inlandsis laisse émerger de nouvelles terres exploitables. Dans le passé, de nombreuses mines à proximité immédiate des côtes exploitaient différents métaux (cryolite à Ivittuut ; charbon à Qullissat ; marbre, zinc, plomb et argent à Maarmorilik ; zinc, molybdène et plomb dans la baie de Mesters Vig) mais commencèrent à progressivement fermer leurs portes dès les années 1990, provoquant un déficit de la balance commerciale groenlandaise. La fermeture avait également provoqué une perte sèche d’emplois pour de nombreux groenlandais qui n’ont pas trouvé de possibilités de reconversion professionnelle.
Depuis 2009, les gouvernements successifs du Groenland ont tablé sur un nouveau développement accéléré de l'industrie minière. En plusieurs années, le nombre de concessions accordées a considérablement augmenté au profit de multinationales souvent américaines et australiennes. Certains projets ont ainsi commencé, tels le projet d'extraction de rubis et saphirs d'Aappaluttoq dans le sud-ouest de l'île, de fer au nord-est de la capitale et, plus inquiétant d'un point de vue écologique, d'uranium dans le sud du pays dans la région de Narsaq. Le Groenland pourrait recéler environ 13 % des réserves mondiales d'uranium. Si tous les principaux partis politiques se déclarent en faveur du développement de l'industrie minière, le parti Inuit Ataqatigiit s’y oppose pour des raisons environnementales et souhaite aujourd’hui un référendum populaire sur son exploitation. D'après les sondages, la majorité de la population prône le développement économique et se déclare favorable à l’exploitation minière, mais opposée à l'extraction de l'uranium. Se lancer dans l’exploitation de l’uranium signifierait mettre fin au principe de «tolérance zéro» sur l’exploitation de ce minerai décidé il y a 30 ans par le Danemark.
Les terres rares : Au sud du Groenland, à Kvanefjeld et Kringlerne, il a également été découvert un gisement particulièrement important de terres rares, matière devenue indispensable aux nouvelles technologiques notamment aux téléphones portables, électronique de précision à des fins médicales ou militaires, et énergies renouvelables. Le pays en recèlerait 12 à 25 % des réserves mondiales. Mais les gros projets d'extraction de terres rares sont remis en cause pour deux raisons principales : d’abord la récente décision de la Chine -qui détient actuellement 90% des sites exploités dans le monde- de lever ses quotas sur l'exportation, réduisant ainsi l'intérêt d'ouvrir des mines dans d'autres pays. Ensuite, des conséquences écologiques car les terres rares se situent très souvent à proximité immédiate d’uranium dont l’exploitation reste très couteuse et n’est pas sans risques environnementaux.
Le pétrole : Le Groenland pourrait abriter 23% des réserves de pétrole mondiales, principalement en off shore. Si les grands groupes se sont précipités il y a une dizaine d’années pour lancer l’exploration de forages, trois d’entre eux ont décidé en 2015 l'abandon de leurs licences d'exploration dans l'ouest du Groenland, malgré l'offre alléchante du gouvernement groenlandais de prolonger gratuitement leurs licences.
Trois raisons majeures expliquent également ce revirement :
D’abord les sociétés ont invoqué des résultats décevants de leurs explorations. Le géant britannique Cairn Energy n’est pas parvenu à découvrir des volumes de pétrole suffisants pour être commercialisés, après avoir déboursé un milliard de dollars dans un programme d’exploration de deux ans. Ensuite, les événements internationaux et la baisse générale du cours des matières premières ont découragé les compagnies étrangères de lancer de lourds investissements dans les secteurs pétroliers. Les réserves mondiales sont au plus haut, et la demande baisse progressivement. Les investisseurs -dans le sillage des opportunités de la transition énergétique et sous la pression croissante de l’opinion publique - se tournent de plus en plus vers les énergies renouvelables. Dans le scénario actuel où le cours du pétrole ne repartirait pas rapidement à la hausse, il faudrait certainement plusieurs décennies avant que le Groenland ne puisse compter sur d'hypothétiques revenus pétroliers. Par ailleurs, un accord avec le Danemark prévoit que les premiers 550 millions de couronnes qui seraient perçus annuellement par le Groenland seraient divisés à part égale. Enfin, l’exploration pétrolière off shore en zone polaire comporte des risques majeurs de sécurité, notamment en matière de stockage et de convoyage du brut. Les compagnies pétrolières, après l’accident de l’Exxon-Valdez en 1989 et plus récemment la série d’incidents dans les mers de Beaufort et des Tchouktches en Alaska, sont soumises à des normes et des garanties de sécurité qu’elles peinent à honorer.
Paradoxalement, le changement climatique qui libère la mer des glaces délivre également de plus en plus d’icebergs à taille gigantesque qui sont autant de dangers pour les plateformes pétrolières.
La carte de l’hydroélectricité. Le Groenland dispose d'un important potentiel hydroélectrique, aujourd'hui relativement peu exploité même si la tendance est à une nette augmentation avec la fonte des glaciers. L'hydroélectricité représente déjà l'essentiel de la production électrique locale mais n'apparaît qu'en deuxième position en matière de consommation énergétique, loin derrière le gaz et le pétrole importé, avec un impact écologique très couteux.